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LE SACRIFICE D’ABRAHAM.


ii.



Aux monts de Morijah marchait la caravane.
Abraham, l’avant-veille, avait pris ce chemin :
Quelques fagots étaient liés au dos d’un âne.

Vers le faîte sacré, vierge de pas humain,
Père, prêtre, bourreau, faisant son triple office,
Il s’avançait le glaive et la torche en sa main.

De l’amour maternel craignant quelque artifice,
Il avait dérobé son dessein à Sara :
Isaac seul devait l’aider au sacrifice.

Quand, au troisième jour, l’aube les éclaira :
« Père, » lui dit l’enfant, « où donc est la victime ? »
« L’Éternel, » répondit le père, « y pourvoira ! »

Les esclaves muets, comme ceux qu’on opprime,
Avec le vague instinct des animaux des bois,
Flairaient l’odeur du sang & pressentaient le crime.