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Le Conte de l’Archer.

sauta en l’air comme une jeune chèvre en entendant ce tintamarre, et il dut se frotter longtemps les yeux avant de se souvenir.

Frère Étienne, au contraire, avait déjà si bien pris son parti des choses qu’il fut un des premiers debout, et il avait déjà vidé un broc et demi demeuré sur la table, quand le capitaine descendit par une échelle, des épis vides mêlés à sa rude moustache, car lui aussi avait dormi sur la paille.

— Or çà, mon père, dit-il au moine, ne m’épargnez votre sainte bénédiction, car je crois que nous aurons bientôt à en découdre. C’est fort bien d’avoir dépêché le capitaine Bistouille et ses recrues vers l’éternité ; mais lorsqu’on s’apercevra, au camp du Roi, qu’ils n’en reviennent pas, il est vraisemblance qu’on nous cherchera noise. Aussi le mieux est-il de filer au plus tôt de ce village et de chercher quelque chemin par où nous ne rencontrions pas des forces supérieures aux nôtres.

— C’est sagement parlé, répondit le moine, et il serait à souhaiter que tous les capitaines fussent aussi prudents et bien avisés que vous. Car alors, les armées ne se rencontrant jamais, nous ne verrions jamais non plus de ces mas-