Page:Silvestre - Le Conte de l’Archer, 1883.djvu/125

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
105
Le Conte de l’Archer.

d’avoir cédé au plus doux penchant de l’âme et recherché la seule joie qui soit en la vie. Pour moi, à ceux qui s’en accusent comme d’un crime, j’ai toujours envie de répondre : Seriez-vous sûr de ne pas recommencer, si vous renaissiez demain ?

— Moi, je suis franc, je sens que je recommencerais.

— Et vous auriez raison, mon compère.

— S’il me faut même tout vous avouer, ce que je regretterais vraiment, en me sentant trépasser, c’est de ne le plus pouvoir faire.

— Ce n’est pas moi qui vous en ferais le reproche.

— Et, pour ne vous rien celer, mon unique remords serait peut-être d’avoir laissé passer quelques occasions favorables de me donner à cœur joie de ce précieux délassement.

— Dieu vous tiendrait compte de l’intention, mon ami.

— Il est même un point qui m’inquiète, quand je remémore ce qui nous est conté des choses de l’autre vie. N’y aura-t-il point des femmes au paradis ?

— Si, parbleu ! celles qui auront été chastes dans ce monde.

— J’aimerais bien qu’il y en eût aussi d’autres.