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Chroniques du Temps passé.

pas connu les inconvénients de vivre parmi la soldatesque.

— Et puis, maintenant que je vous ai là, si quelque mauvais coup m’arrivait de l’ennemi, vous n’auriez pas, je gage, l’impertinence de me laisser partir sans l’absolution de toutes mes fautes ?

— Non certes, et je vous dépêcherais suivant les meilleures règles de la pénitence finale. Reste à savoir si vous auriez la contrition qu’il faut pour que mes prières ne fussent pas perdues.

— Je l’aurai, mon père, je l’aurai, et ne serai pas assez bête pour ménager les mea culpa en une pareille occasion. Encore n’est-ce pas le souvenir de mes peccadilles comme homme d’épée pratiquant les rudes lois de la guerre qui m’importune davantage, mais bien plutôt la mémoire des amoureuses fantaisies que je satisfis en chemin, ne laissant guère échapper quelque belle fille sans lui avoir demandé un gage…

— Ou sans lui en laisser un. Mais que cela ne vous inquiète, mon ami ! Je tiens pour certain que Dieu est particulièrement miséricordieux pour le doux péché de la chair, sans quoi tout le monde serait damné à merci. Car il n’est guère d’homme qui, même in extremis, se repente de bonne foi