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Chroniques du Temps passé.

décharnées et des verres s’emplissant avec un bruit de torrent lointain.

Cœur-de-Cuir aussi fut à la découverte.

Frère Étienne seul ne s’arracha pas du jambon auquel il avait déclaré une guerre sans merci et profita de l’occasion pour vider deux beaux coups pleins de son gobelet.

Dans la direction de Langeais, dont on apercevait à peine le clocher s’enfonçant comme une aiguille dans les chaudes buées de la méridienne, un nuage de poussière montait qui semblait s’avancer lentement. Bientôt on y put voir luire distinctement de petits éclairs comme si la lumière solaire trouvait à s’y accrocher à des surfaces miroitantes.

— Ils viennent de ce côté, dit le capitaine à Cœur-de-Cuir, et je ne sache pas que notre aimé duc y ait réuni des partisans. Ce sont donc vraisemblablement des hommes appartenant à Louis le Onzième. Rien ne prouve jusqu’ici qu’ils viennent à notre rencontre, et peut-être sont-ils simplement en marche pour venir renforcer la garnison de Chinon. Il n’en faut pas moins nous mettre en état de défense, au cas où nous en serions aperçus.

Çà, compagnons, tranchez dans les taillis et accumulez les bois coupés aux trois faces d’où nous