Page:Silvestre - Le Conte de l’Archer, 1883.djvu/143

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
123
Le Conte de l’Archer.

nous donneront l’assaut qu’il leur faudra lâcher au visage cette bordée de fer qui les fera sans doute reculer un instant. C’est en profitant de cette panique que ceux d’entre nous qui subsisteront encore pourront peut-être faire une trouée et sortir de ce lieu maudit.

Il n’avait pas achevé ce petit discours que le bruit des flèches dans les feuilles l’avertissait que l’ennemi commençait l’attaque. Un des hommes qui venaient de charger la couleuvrine, en ayant reçu une dans la cuisse, tomba aux pieds de Tristan.

— À vous, compagnons, et répondez de votre mieux !

Les archers se mirent à l’œuvre, et, durant un instant, ce fut entre la plaine et le plateau comme un vol d’oiseaux, ceux-ci rasant le sol, ceux-là montant en l’air pour s’abattre, tous traversant l’air d’un sifflement. La nue et l’horizon étaient comme rayés par leur passage, et les plaintes des blessés commencèrent dans le val et sur la colline ; mais on put bientôt se convaincre que la riposte n’avait pas arrêté la marche des assaillants qui continuaient à avancer, laissant sur le sol leurs compagnons clamants et ensanglantés. Là aussi sur le plateau les victimes étaient nombreuses