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Chroniques du Temps passé.

ment atteint, se traînait encore. Ayant ramassé un tronçon de lance, il s’avançait en rampant vers le mauvais artilleur :

— Tiens, traître ! fit-il d’une voix où râlait la colère.

Et il lui allait plonger le fer entre les épaules. Mais frère Étienne qui, n’ayant pas quitté Tristan, avait échappé au désastreux effet de l’artillerie, l’aperçut à temps, et, d’un cul de bouteille ramassé fort à propos, lui brisa la tête avant qu’il ait pu accomplir son mauvais dessein.

Au même instant l’ennemi atteignait le plateau. De lourdes mains s’abattaient sur le moine et sur son compagnon faits prisonniers.

— Nous sommes des vôtres ! dit résolument frère Étienne.

Et il montrait la couleuvrine dont la gueule, ayant gardé sa direction, fumait encore.

— C’est ce que nous approfondirons, dit un homme d’armes qui semblait un des chefs.

Sur son ordre un gaillard chargea sur son dos Tristan, si parfaitement tombé en catalepsie qu’il était raide comme un de ces mannequins qui servent aux archers à exercer leur adresse. Pendant ce temps, frère Étienne était solidement lié les mains derrière le dos, et tous deux étaient con-