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Le Conte de l’Archer.

vence et du Toulousain qui aiment éblouir ceux qui les écoutent par de mensongères promesses, d’où leur est venue la renommée d’être les plus grands hâbleurs de France. Les Tourangeaux ne leur cèdent en rien sur ce point, et qui les croit en leurs narrations ferait aussi bien de se fier aux poétiques chansons dont le flot d’argent des rivières berce le balancement monotone des peupliers.

Non que je blâme, pour ma part, les uns ni les autres.

Une si mince logique préside aux choses d’ici-bas que la plupart de celles qui arrivent pourraient bien ne pas arriver ou se passer autrement. Dès lors, il n’y a point lieu de les traiter comme des vérités éternelles et immuables ou comme les propositions inviolables de la mathématique. Qui les arrange à son gré, ne fût-ce que dans son imagination, a raison. Et il serait bien vraiment à souhaiter que tous ceux qui ont l’humeur guerrière se contentassent, comme notre tanneur, de ne la satisfaire qu’en esprit, se bornant à couvrir les murailles de leur chambre d’innocentes panoplies et de trophées vierges de sang versé. Et toujours je me demande pourquoi les rois se donnent la peine de faire des campagnes véritables quand il