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Le Conte de l’Archer.

sume encore les nations, malgré le développement des mercantiles appétits, et vous ne compterez pas parmi les moindres avantages de ce système le surcroît de santé qui viendrait à la population mâle, de ces vacances balnéaires, lequel se constaterait bien vite à la belle venue des enfants. Et ceux-ci naîtraient presque tous à la même époque, soit neuf mois après le retour des conquêtes, si bien qu’en fixant au bout de cette période la fête nationale du pays, on célébrerait en même temps l’anniversaire de tous ses habitants. L’éclat de cette patriotique solennité serait donc augmenté de mille joies particulières, et ce serait un spectacle admirable entre tous que celui de ce peuple se congratulant d’être venu au monde.

Mais ce sont là utopies qui ne deviendront pas de si longtemps vérités. Les pasteurs des nations ne sont pas assez poètes ni assez ménagers de la vie de leur troupeau pour s’arrêter à de si philosophiques inventions. Ils préfèrent bien verser le sang pour de bon, se disant entre eux que, pendant qu’ils s’occupent à panser leurs blessures, leurs sujets n’ont pas le temps de réfléchir et de s’insurger contre d’iniques pouvoirs. Et vous les voyez toujours depuis l’origine du monde, sitôt que la tranquillité menace de s’évanouir à l’in-