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Chroniques du Temps passé.

térieur par l’excès de leurs exactions, chercher querelle à quelque voisin pour détourner l’attention populaire des sottises de leur gouvernement. Il leur suffit d’exhiber de leur magasin de friperie le vieux fantôme de la gloire pour qu’on les proclame gardiens fidèles de l’honneur commun. Et, durant qu’ils rient de la naïveté de leurs fidèles, ceux-ci se ruent en guerre et échangent les horions. Ainsi ces malicieux souverains consolident leur domination par l’augmentation des maux publics ; car ce n’est pas la guerre seulement qui est à grand dommage aux peuples qui la font, mais les suites n’en sont pas moins redoutables, lesquelles sont le manque d’argent, l’appauvrissement de la race, l’arrêt de toutes les nobles études, l’abandon des arts qui sont la consolation de la vie.

Or maintenant que je vous ai dit la vérité sur ce point, je reviens au tanneur Guillaume tenant des conseils de ministres avec quelques autres bourgeois de la bonne ville de Chinon, faisant l’important et raisonnant, à sa façon, des choses de la guerre.

Et ne croyez pas qu’il fût sans tirer de grands avantages de cette attitude qui lui était pourtant naturellement venue et par la seule vanité de son