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Le Conte de l’Archer.

reprit le tanneur d’une voix adoucie. Je vois que tu as fait ton devoir et que, si tu n’es pas mort glorieusement, comme c’était ton désir, ce n’est pas du moins de ta faute. Car je hais les fainéants qui nous marchandent leur vie. Je vais dire à ma femme Mathurine de t’ouvrir l’huis. Tu te reposeras un instant et mangeras même, si tu le souhaites, un morceau de pain. Je ne t’offre pas de viande avec, bien que nous possédions les reliefs d’un excellent gigot, non pas, au moins, pour l’épargner, mais parce que je sais que vous autres, gens de guerre, avez à craindre de vous habituer à de trop délicates nourritures, comme le fit sottement Annibal à Capoue. Peut-être d’ailleurs pourrais-tu me donner des nouvelles de mon fils ?

— C’est justement pour vous en apporter que je frappais à votre porte, maître Guillaume Bignolet.