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Le Conte de l’Archer.

tions dont il fut l’objet et ne quitta pas davantage le pan de mon froc qu’un poulet toujours prêt à se blottir sous l’aile de sa mère….

— Tant pis ! dit le tanneur, mais tant mieux aussi. Cela prouve qu’il est tout entier aux choses de la guerre.

Un tel rayonnement de joie était venu au visage d’Isabeau qu’on eût dit que sa blonde chevelure flambait, autour de son front, comme une séraphique auréole.

Maître Guillaume poursuivit, pendant que le mendiant, s’étant rapproché de la table pour s’y accoter, faisait provision par derrière de quelques fruits oubliés dans une assiette.

« Mais, sans doute, lut-il, vous ne savez plus rien, à partir du moment où nous avons quitté notre beau pays de Touraine, engagés dans la compagnie d’un neveu du vaillant Xaintrailles, lequel remontait dans le nord d’où les nouvelles étaient fâcheuses pour les partisans du Roi. (Ce sont ces jeteurs d’alarmes qui gâtent tout !) Et nous traversâmes ainsi un beau ruban de terre française, faisant halte seulement dans quelques grandes cités, comme Blois dont les pieds seuls semblent baigner aux eaux basses de la Loire et Orléans où vit encore la mémoire de la pauvre