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Chroniques du Temps passé.

pucelle. Et là, notre capitaine fit dire une messe pour elle, se souvenant, à la fois, de la malheureuse guerrière et de son glorieux oncle qui l’avait si bien servie. Et, durant ce long trajet, n’eûmes-nous guère que des escarmouches et de menues rencontres avec des cohortes isolées, lesquelles effectuaient aussi leur mouvement vers les points où la lutte était sérieusement engagée….

— J’eusse beaucoup préféré de grandes batailles, interrompit sentencieusement le tanneur. Toute cette petite guerre est bonne pour former des officiers en sous-ordre, mais non pas des généraux comme je veux que devienne mon Tristan. Comment aurait-il pu prendre le coup d’œil avec lequel on masse les armées et on décide des victoires célèbres, en n’opérant que sur des compagnies peu nombreuses parcourant les campagnes comme des troupeaux d’oies ? J’en suis vraiment très fâché ; et si jamais je revois frère Étienne, je le gourmanderai de ne pas avoir dirigé mon fils dans de plus glorieux périls. Ah ! que ceux qui voient les choses d’un peu haut sont rares en ce monde !

Et maître Guillaume, fort satisfait de son petit discours, continua la lettre du moine :

« Cela n’empêcha qu’à Blois votre Tristan se signalât, ayant découvert une conspiration des no-