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Chroniques du Temps passé.

batailles aux alentours de la ville où son roi est captif !

Après un moment de silence, la lettre fut reprise et en voici la suite :

« Et, comme toujours, paraît-il, la ville de Paris est partagée en plusieurs partis qui ne veulent entendre parler d’aucun accord. Les marchands sont généralement pour le Roi, par horreur de la noblesse qui les écrasait de son orgueil et que Louis ne manque pas une occasion d’abaisser. Les écoliers aussi qui lui doivent plusieurs de leurs franchises et dont il a épargné le poète favori, maître François Villon, lequel avait été condamné à être pendu pour avoir pris de franches lippées aux dépens de tout le monde. Mais les gens de naissance et bon nombre de badauds tiennent pour le duc Charles. Ils donnent pour raison que celui-ci est bien autrement brave et chevaleresque que son ennemi, lequel, en effet, demande plutôt à la ruse qu’au courage la fin de ses ennemis. Et ce sont eux qui apprennent aux geais et aux pies, lesquels sont nombreux aux fenêtres des boutiques, à répéter sans cesse : Péronne ! Péronne ! mot que ces bêtes prononcent fort aisément en sifflotant d’un air moqueur. Et la plus grande occupation que nous ayons, en ce temps-ci, est, d’après les