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Le Conte de l’Archer.

ordres de Sa Majesté, de détruire tous ceux de ces animaux dont on a ainsi perverti le naturel langage. Aussi faisons-nous des patrouilles dans tous les quartiers où on les voit sautillant dans leurs cages d’osier ou même sur le seuil des portes. Mais ces derniers ont grand soin de s’envoler quand ils nous aperçoivent, et vous ririez voyant la mine déconfite des archers qui en devaient rapporter la queue à leur capitaine pour bien prouver qu’ils avaient fait leur devoir….

— Jour de Dieu ! s’écria maître Guillaume hors de lui, voilà à quoi l’on occupe la vaillance de mon fils ! C’est à des pies et à des geais que mon Tristan a déclaré la guerre !

Et il se laissa tomber sur son fauteuil comme anéanti.

— Poursuivez, Mathurine, dit-il à sa femme, le cœur me fait défaut pour aller plus loin.

Et il passa à celle-ci la lettre de frère Étienne dont il restait encore plusieurs pages bien pleines à lire.

Alors, de sa voix un peu traînante et vieillotte, dame Mathurine continua comme il suit :

« Inutile de vous dire que notre Tristan ne se complaît guère à ce jeu, lui qui fut toujours grand ami des bêtes en général et des oiseaux en