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Chroniques du Temps passé.

de chien fidèle. Donc je ne souhaitais rien de plus. »

— Le brave moine ! dit Mathurine en sentant se mouiller ses petits yeux gris au souvenir de frère Étienne.

Dans le buisson aussi, de l’autre côté du jardin, un petit cœur battait bien fort, plein d’émoi et de reconnaissance, celui de la gentille Isabeau, et une prière muette s’en élevait pour le courageux frocard qui lui avait gardé son ami.

— Le fait est, dit maître Guillaume, que je n’en aurais pas attendu autant de ce frocard, vrai sac à vin.

Et il ajouta d’une voix où tremblait une tendresse subitement réveillée :

— Savez-vous que notre pauvre fils l’a échappé belle ce jour-là. Aussi quelle idée de se jeter à la tête de ce rufian colossal ? Ce n’est pas, morbleu, pour rétablir dans ce damné Paris le culte des mœurs austères que je l’ai envoyé à la guerre ! Certes notre roi, Louis le Onzième du nom, est un fort grand roi, mais il y a conscience à exposer les jours d’un brave soldat pour châtier de tels misérables. Je vous jure, Mathurine, que si j’étais convaincu que notre fils Tristan dût continuer longtemps encore ce déplorable mé-