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Le Conte de l’Archer.

tier, je serais heureux à le faire revenir auprès de nous.

— Le ciel vous entende ! dit la pauvre femme.

— D’autant que si, comme le dit frère Étienne, le Roi est actuellement occupé de traiter avec son cousin Charles, la guerre cessera et notre fils n’aura plus aucune belle occasion de se signaler.

— Aucune, maître Guillaume, dit le mendiant.

— Et, pendant que je donne ainsi au Roi le meilleur de moi-même en lui donnant mon fils bien-aimé, pendant que je cours mille dangers et risque ma vie dans sa personne sur maint champ de bataille, le Roi, lui, ne m’envoie personne pour faire marcher ma tannerie, laquelle a grand besoin aujourd’hui de bras plus solides que les miens.

— Grand besoin, il est vrai, interrompit à son tour Mathurine.

— Je suis un sujet sans reproche, poursuivait le tanneur en s’échauffant, mais je n’aime pas à être dupe de qui que ce soit. En me séparant de mon fils, j’ai entendu qu’il prendrait sa part d’honneur dans les royales victoires ; or si, comme je commence à le croire, le Roi n’en remporte au-