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Le Conte de l’Archer.

moi, mais savais bien ce que j’en pensais au fond. Car j’ai toujours estimé que la gloire était une vaine fumée. Mais vous, Mathurine, et ce moine étiez plus maîtres que moi-même dans ma maison.

Et gémissant comme un avare qui a perdu son trésor :

— Ah ! mon pauvre fils ! continua-t-il, que ne m’as-tu mieux écouté au lieu de ces fous ! tu serais là tranquille, en ce moment, auprès de moi, au lieu de faire la chasse aux pies et aux écoliers !

— Peut-être les choses ont-elles changé de face depuis le temps, interrompit le mendiant ; car étant venu à petites journées et presque toujours par le plus long chemin, il y aura trois mois bientôt que cette lettre fut écrite et me fut confiée.

— Trois mois ! Et je ne sais ce qu’est devenu mon Tristan depuis ce temps ! Ah ! damné frère Étienne, qui m’as emmené mon fils. Jamais peut-être je ne le reverrai ni n’entendrai le son de sa voix !

En ce moment même, dans l’air calme du soir qui était enfin venu avec son cortège d’ombre et sa parure d’étoiles, une voix monta lointaine