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Chroniques du Temps passé.

cune, je ne vois pas trop ce que mon Tristan fait là-bas !

— Rien qui vaille ! dit le mendiant.

— Je vous demande un peu si frère Étienne n’eût pas mieux fait de prévoir tout cela, que de m’engager, comme il l’a fait, à jeter mon unique enfant dans les aventures pour l’y suivre. Car je vois bien maintenant que c’était pour aller courir les champs, suivant sa vagabonde et gourmande nature, que ce maudit moine m’a convaincu d’envoyer mon fils à la guerre.

— Vous vous trompez, monsieur, fit sévèrement Mathurine.

— Non pas, ma mie, et je sais ce que je dis. Notre Tristan n’était pas plus belliqueux de nature qu’un autre. Je croirais même volontiers qu’il l’était moins. Ce sont les leçons que lui a données ce faux savant qui l’ont rempli du vain amour de la gloire militaire. Il avait bien besoin de lui conter par le menu la vie des grands capitaines antiques ! Notre Tristan a eu la tête montée de leurs exploits. Il s’est voulu voir pareil à Alexandre et à Jules César.

— Mais vous-même n’étiez-vous pas de cet avis, Guillaume ?

— J’avais l’air d’en être pour avoir la paix chez