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Chroniques du Temps passé.

et je serais bien surpris qu’elle ne me baillât pas quelque bonne fiole de vin généreux pour boire à la santé de son benoît fils.

— Aussi, mon frère, vous tiendrai-je raison, riposta Cucufa, car Sa Majesté a le meilleur lacrymachristi du monde.

Et maître Guillaume, ayant revêtu ses plus beaux habits avec lesquels il ressemblait parfaitement à un ours contrefaisant le gentilhomme, s’en fut chercher le petit Tristan dans le jardin où il jouait avec Isabeau.

— Or çà, mon fils, lui dit-il, le moment est mal choisi de perdre le temps avec cette péronnelle, quand Madame la Reine vous attend.

— Je ne suis pas une péronnelle, monsieur Guillaume, observa Isabeau indignée.

Mais le tanneur ne l’écouta même pas. Il saisit la main de Tristan désolé de quitter sa petite amie, et l’entraîna jusqu’au carrosse où les attendait maître Cucufa en grignotant des sucreries que dame Mathurine lui avait offertes.

Ainsi arrivèrent-ils au palais où la Reine, après avoir embrassé Tristan, qui, décidément, ce jour-là n’avait pas de chance, lui remit en souvenir un grand bonhomme de bois peint représentant un archer et destiné à exercer son adresse, plus une