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Le Conte de l’Archer.

balivernes que la vieille prenait pour argent comptant, le remerciant de sa peine par des cadeaux magnifiques et mille friandises que le drôle avalait en se contournant, de délices, comme un héron qui a fait bonne pêche.

Ayant la prétention d’encourager les lettres et les arts, aussi bien le militaire que le poétique, le musical et les autres, dame Marie n’eut pas plutôt entendu parler des exploits du jeune Tristan Bignolet qu’elle dépêcha Cucufa par la ville, afin de lui amener ce petit héros.

Il fallait voir la joie de maître Guillaume Bignolet quand la commission lui fut faite. Il en devint si rouge de contentement qu’on eût dit qu’il portait une tomate au-dessus du cou.

Quant à dame Mathurine, elle se mit à pleurer, tant fut grand son émoi de penser que son fils allait récolter si grand honneur, à un âge où les hommes n’ont pas encore coutume d’en faire moisson.

Maître Mathieu Clignebourde, au contraire, éprouva de ce fait une terrible jalousie, et sa bouche se crispait méchamment, tout en essayant de sourire au bonheur de son voisin.

— Je vous accompagnerai, dit frère Étienne à Guillaume. La Reine aime fort les gens d’église