Page:Silvestre - Le Pays des roses, 1882.djvu/300

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Cherche éternellement l’illusion ravie.
C’est ce lent souvenir par toi ressuscité
Qui t’a soumis mon âme à jamais asservie

J’ai, sur des fronts divins, déjà vu la fierté
Qui fait, devant ton front, s’humilier mon être
Et tout mon sang bondir vers mon cœur arrêté.

La grâce de ton pas m’a fait te reconnaître.
Des coupes autrefois m’ont versé le poison
Dont ton regard cruel m’enivre et me pénètre.

Des coupes dont l’or clair, pareil à l’horizon,
S’empourprait, jusqu’au bord, du sang vermeil des nues
Et dont la vapeur chaude emportait la raison ;

Des coupes qu’à ma main tendaient des vierges nues
Dont les cheveux flottants jetaient dans l’air du soir
Des odeurs qui des tiens vers moi sont revenues,