Page:Silvestre - Poésies 1866-1872, 1880.djvu/217

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III


L’AIR du soir emportait sous les feuillages sombres,
Comme un parfum du ciel, l’âme des voluptés ;
Les rêves se levaient partout avec les ombres :
Celle qui fut mon cœur était à mes côtés.

Nous suivions le grand bois, parmi l’herbe mouillée,
L’air au front, l’œil au ciel, la bruyère aux genoux,
Et comme elle sortait, blanche, de la feuillée,
Une source se prit à gémir près de nous.

Ce sanglot sans pitié, poursuivant mon oreille,
S’en fut jusqu’à mon cœur joyeux et l’affligea :
La santé fleurissait sa beauté sans pareille,
Et je cherchais pourquoi l’onde pleurait déjà !