Page:Sima qian chavannes memoires historiques v2.djvu/224

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serviteur ou d’un esclave n’étaient pas aussi terribles. »

En somme, ce qui fait que le possesseur de l’empire est élevé en dignité, c’est qu’il peut former de vastes desseins et concevoir des désirs extrêmes. Que le souverain rende sévères des lois claires et au-dessous de lui personne n’osera désobéir ; il réglera et dirigera ainsi le pays à l’intérieur des mers. Des souverains tels que Yu (Choen) et Hia (Yu) avaient la haute dignité de Fils du Ciel, mais personnellement, ils étaient, en fait, accablés de peines et de fatigues afin de satisfaire les cent familles ; comment pourraient-ils servir de modèle ? On m’honore en m’attribuant dix mille chars[1], mais je ne les ai pas en réalité ; je veux instituer un équipage de mille chars, un cortège de dix mille chars, pour que le titre qu’on me donne ne soit plus un titre vide. En outre, l’empereur mon prédécesseur a supprimé les seigneurs et a réuni dans sa main tout l’empire ; après s’être assuré de l’empire, il a repoussé les barbares des quatre côtés afin de donner le calme aux frontières ; il a construit des palais pour montrer qu’il avait atteint son but ; vous avez pu voir quelle suite j’ai donnée à l’œuvre de l’empereur mon prédécesseur. Maintenant, pendant les deux années qui se sont écoulées depuis que j’ai pris le pouvoir, des bandes de brigands se sont levées de toutes parts et vous n’avez pas su les réprimer. De plus vous voulez qu’on abandonne ce que faisait l’empereur mon prédécesseur. Par là, vous êtes d’abord dans l’impossibilité de rendre compte de votre conduite à

  1. Le Fils du Ciel était censé posséder dix mille chars de guerre ; un seigneur n’en possédait que mille. On appelait donc l’État du Fils du Ciel le royaume des dix mille chars.(cf. Mencius, I, a, chap. I, § 4), C’est à cette appellation qu’Eul Che-hoang-ti fait ici allusion.