Page:Sima qian chavannes memoires historiques v2.djvu/244

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les Hiong-nou à une distance de plus de sept cents li ; les barbares Hou n’osèrent plus descendre vers le sud pour y faire paître leurs chevaux ; leurs hommes vaillants n’osèrent plus bander leurs arcs pour venger leur ressentiment. Ce fut alors que (Ts’in) négligea de suivre la ligne de conduite des anciens rois ; il brûla les enseignements[1] des cent écoles afin de rendre stupides les têtes-noires ; il détruisit les villes célèbres ; il tua les Hommes éminents ; il recueillit les armes de tout l’empire, les rassembla à Hien-yang et, après avoir fondu les pointes et liquéfié les barres, il en fit douze hommes de métal, afin d’affaiblir le peuple aux têtes noires, puis il monta sur la montagne Hoa[2] dont il fit son rempart ; il se servit du Ho comme de fossé ; appuyé sur un rempart d’un million de pieds de hauteur, dominant la gorge où coulait une rivière d’une profondeur insondable, il estimait que c’était une forte position. Avec ses bons généraux et ses forts archers, il gardait les localités les plus importantes ; avec ses ministres fidèles et ses soldats d’élite, quand il faisait parade de ses armes aiguisées, qui aurait osé lui demander des explications[3] ? L’empire étant ainsi raffermi, le roi de Ts’in pensait lui-même dans son cœur que, grâce à sa solide situation à l’intérieur des passes et aux mille li de son mur de fer, ses descendants exerceraient le gouvernemnent impérial pendant dix mille générations. Même après la mort du roi de Ts’in, le prestige qu’il avait laissé fut encore redoutable aux yeux des peuples étrangers.

  1. Littéralement : les paroles.
  2. Cf. tome I, note 02.192. .
  3. D’après Se-ma Tcheng, [] serait mis pour [] = gourmander, réprimander.