Page:Sima qian chavannes memoires historiques v2.djvu/249

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peuple de façon à donner des fiefs aux descendants des plus méritants entre ses sujets, s’il avait fondé des royaumes et établi des princes de manière à honorer l’empire, s’il avait vidé les prisons et épargné les supplices, relâché ceux qui avaient été condamnés comme parents complices[1] et ceux qui avaient été condamnés comme calomniateurs, et renvoyé chacun dans son village, s’il avait répandu le contenu de ses greniers et distribué ses richesses afin de secourir les personnes abandonnées et misérables, s’il avait restreint les taxes et diminué les corvées afin d’aider le peuple en détresse, s’il avait adouci les lois et modéré les châtiments afin de sauvegarder l’avenir, il aurait fait que tous les habitants de l’empire auraient pu se corriger, qu’ils auraient redoublé de vertu et auraient réformé leurs actions, que chacun aurait veillé sur sa propre conduite, que les espérances de la multitude du peuple auraient été satisfaites ; puis, grâce au prestige et à la bienfaisance qu’il aurait exercés sur l’empire, l’empire tout entier se serait rassemblé autour de lui. Alors, à l’intérieur des mers, tous auraient été contents et chacun se serait trouvé heureux de son sort ; on n’aurait eu qu’une crainte, celle d’un changement ; même s’il y avait eu des fourbes dans le peuple, ils n’auraient pu distraire le cœur du souverain ; même s’il y avait eu des ministres déshonnêtes, ils n’auraient pu décevoir son intelligence ;

  1. L’expression [] est expliquée de la manière suivante dans le commentaire du T’ong kien kang mou (chap. I, p. 11 r°) : [] signifie la femme et les enfants. On englobait dans la condamnation et on arrêtait la femme et les enfants du coupable pour que, jusqu’à la fin de leur vie, ils fussent des esclaves de l’État.