Page:Sima qian chavannes memoires historiques v2.djvu/250

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le fléau des cruautés et des troubles aurait donc pris fin.

Eul-che ne suivit point cette ligne de conduite, mais aggrava la situation par son manque de raison. Il ruina le temple ancestral aux yeux du peuple ; il recommença à construire le palais Ngo-pang ; il multiplia les châtiments et aggrava les supplices ; ses officiers gouvernèrent avec la dernière rigueur ; les récompenses et les punitions furent injustes ; les taxes et les impôts furent immodérés ; l’empire fut accablé de corvées ; les officiers ne purent maintenir l’ordre ; les cent familles se trouvèrent à toute extrémité et le souverain ne les recueillit pas et n’eut pas pitié d’elles. A la suite de cela, la perversité surgit de toutes parts et l’empereur et ses sujets se trompèrent mutuellement. Ceux qui avaient encouru des condamnations étaient en foule ; ceux qui avaient été mutilés et suppliciés s’apercevaient de loin les uns les autres sur les routes, et l’empire en souffrait. Depuis, les princes et les hauts dignitaires jusqu’au commun peuple, tous étaient tourmentés de l’idée de leur propre danger et se trouvaient personnellement dans une situation très pénible. Aucun d’eux ne se sentait à l’aise dans la place qu’il occupait ; aussi était-il facile de les ébranler. C’est pourquoi Tch’en Ché, sans avoir besoin d’être sage comme T’ang et Ou[1], sans être au préalable élevé en dignité comme les ducs ou les marquis, n’eut qu’à agiter le bras à Ta-tsé[2] pour que l’empire entier lui répondît comme l’écho, car son

  1. Les fondateurs des dynasties Yn et Tcheou.
  2. Ta-tsé est le nom d’un bourg, qui était au sud-ouest de la préfecture secondaire de Sou, province de Ngan-hoei (T’ong kien tsi lan, chap. XI, p. 12 v°).