Page:Sima qian chavannes memoires historiques v3.djvu/250

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voisins ; ils luttèrent pour s’élever les uns au-dessus des autres. Lorsque Tchong-ni ne put plus, à cause[1] des comédiennes de Ts’i, agir comme il l’entendait dans le pays de Lou, quoique s’étant retiré, il rectifia la musique afin d’attirer au bien ses contemporains et fit (la poésie en) cinq phrases pour blâmer son époque ; mais il n’en résulta aucune réformation. La décadence se poursuivit graduellement[2] jusqu’à ce qu’on arrivât à la division en six royaumes[3] ; (les princes de ces royaumes) s’abandonnèrent à la débauche et s’enfoncèrent dans les excès ; ils allèrent toujours plus avant sans jamais revenir en arrière ; en définitive, ils aboutirent à se perdre eux-mêmes, à anéantir leur lignée et à faire annexer leurs royaumes par (le roi de) Ts’in. Eul-che, (de la dynastie) Ts’in, se livra davantage encore aux réjouissances. Le grand conseiller Li Se[4] vint le réprimander, disant :

— Rejeter le Che (King) et le Chou (King), penser avec ardeur aux mélodies (voluptueuses) et aux femmes, c’est ce que redoutait Tsou-i[5] ; accumuler inconsidérément des fautes légères, se livrer

  1. Littéralement : en même temps que les comédiennes de Ts’i. On lira dans le XLVIIe chapitre des Mémoires historiques comment le duc de Ts’i, craignant l’influence que Confucius avait prise auprès du prince de Lou, envoya à ce prince quatre-vingt belles musiciennes. Confucius ne put rester à la cour en même temps que ces femmes dont les charmes empêchaient le prince de suivre ses conseils. Il se retira donc et fit une poésie en cinq phrases où il déclarait qu’il s’exilait à cause des musiciennes du pays de Ts’i.
  2. Cf. n. 18.104. .
  3. Cf. n. 15.128. .
  4. Les remontrances de Li Se lui valurent la mort (cf. t. II, p. 207-210). Il est cependant peu vraisemblable que Li Se ait considéré comme une faute de rejeter le Che King et le Chou King, puisque c’est lui qui, en 213 avant J.-C., avait conseillé à Ts’in Che-hoang-ti de détruire les livres classiques.
  5. Sage dont les conseils ne furent pas écoutés par Tcheou, dernier souverain de la dynastie Yn ; cf. tome I, pp. 203-205.