Page:Sima qian chavannes memoires historiques v3.djvu/251

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

à ses passions tout le long de la nuit, c’est ce qui perdit Tcheou. Tchao Kao lui dit (au contraire) :

— Les cinq empereurs et les rois des trois premières dynasties eurent des musiques qui avaient chacune un nom différent ; ils montraient par là qu’ils ne s’imitaient pas les uns les autres. Depuis la cour du souverain en haut[1], jusqu’aux gens du peuple en bas, ils parvinrent ainsi à réunir tout le monde dans la joie, à coordonner les prospérités et les efforts. S’il n’y avait pas eu une telle harmonie, le bonheur n’eût pas pénétré partout, la distribution des bienfaits ne se fût pas répandue partout. D’ailleurs, sous chacun (de ces règnes), il y eut la transformation d’une génération entière, il y eut une musique qui réglait toute une époque. Qu’est-il donc besoin de Lou-eul[2], de la montagne Hoa[3] pour aller loin ?

Eul-che approuva ce discours.

Kao-tsou, à son passage à P’ei, composa la poésie des trois particules et ordonna à des jeunes gens de la chanter[4]. Lorsque Kao-tsou fut mort, on ordonna que (le district de) P’ei eût le droit, aux quatre saisons, de chanter (cette poésie) avec accompagnement de danse dans le temple ancestral.


(Les empereurs) Hiao-hoei, Hiao-wen, Hiao-King,

  1. L’édition de Shanghai omet par erreur les deux mots chang tse.
  2. Lou-eul est un des célèbres chevaux du roi Mou (cf. t. II, p. 5). La phrase de Tchao Kao signifie : Quand on a, comme les anciens rois, une musique qui transforme le monde entier et le rend heureux, il n’est pas besoin d’être tiré par un coursier rapide comme l’était Lou-eul pour exercer de l’influence au loin. Comme d’ailleurs chaque souverain eut une musique différente, il est clair qu’on peut être un fort bon roi sans imiter ses prédécesseurs ; Eul-che n’a donc qu’à continuer à gouverner comme il l’entend.
  3. Cf. tome I, note 02.192.
  4. Cf. tome II, p. 396-397. Cette poésie est appelée ici le morceau des trois particules, parce que la particule [] s’y trouvait trois fois.