Page:Sima qian chavannes memoires historiques v3.djvu/261

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connaissances[1], il devient incapable de se ressaisir lui-même et son principe céleste est détruit.

Or, les objets qui émeuvent l’homme sont en nombre infini ; si donc les affections et les haines de l’homme n’ont pas une règle, alors il arrivera qu’à mesure que les objets se présenteront, l’homme se transformera (conformément à) ces objets[2]. Ce sera l’extinction du principe céleste qui est en lui et l’abandon complet aux passions humaines. Alors on trouve des cœurs rebelles et fourbes, des actions de débauche et de désordre ; c’est pourquoi les puissants oppriment les faibles ; les majorités sont cruelles pour les minorités ; les habiles trompent les sots ; les hardis sont durs pour les timides ; les malades ne sont pas soignés ; les vieillards et les enfants, les orphelins et les abandonnés ne savent que devenir : tel est l’état de grande perturbation où l’on se trouve.

Ainsi donc les anciens rois, quand ils ont réglementé les rites et la musique, ont fait des principes modérateurs pour les hommes. Le pectoral et le vêtement de chanvre, les lamentations et les pleurs[3] étaient ce par quoi on réglait les lois du deuil ; les cloches et les tambours, les boucliers et les haches étaient ce par quoi on maintenait l’harmonie dans les moments de calme et de réjouissance ; le mariage de la femme et celui de l’homme,

  1. C’est-à-dire lorsque l’homme se laisse guider dans sa conduite par les seules notions de l’agrément ou du désagrément que lui causent les objets extérieurs.
  2. Si l’homme ne trouve pas dans sa propre nature une règle capable de dominer ses désirs, il deviendra le jouet de ses appétits ; si les objets qui se présentent à lui excitent en lui de bons désirs, il sera bon ; mais s’ils excitent en lui de mauvais désirs, il sera mauvais.
  3. C’est-à-dire les règles relatives au nombre des lamentations et à la durée des pleurs.