Page:Sima qian chavannes memoires historiques v3.djvu/262

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la prise du bonnet viril et la prise de l’épingle de tête[1] étaient ce par quoi on distinguait l’homme de la femme ; le tir à l’arc et le banquet de village ; les offrandes de nourriture et de boisson étaient ce par quoi on rendait correctes les relations et les réceptions.

Les rites règlent les cœurs du peuple ; la musique harmonise les sons du peuple ; le gouvernement le fait agir ; les châtiments le retiennent. Quand les rites, la musique, les châtiments et le gouvernement s’étendent dans les quatre directions sans rencontrer aucun obstacle, alors la méthode de règne est prête].

[La musique est ce qui unifie ; les rites sont ce qui différencie ; par l’unification il y a amitié des uns pour les autres ; par la différenciation, il y a respect des uns pour les autres. Quand la musique est trop prédominante, il y a négligence ; quand les rites sont trop prédominants, il y a séparation[2]. Unir les sentiments et embellir les formes, telle est l’œuvre des rites et de la musique.

Les convenances des rites étant instituées, le noble et le vil ont leurs rangs ; la beauté de la musique produisant l’unité, le haut et le bas sont en harmonie. Ce qui est aimable et ce qui est haïssable étant mis en lumière, alors le sage et l’indigne sont distingués. Les châtiments

  1. Le jeune homme prenait le bonnet viril à vingt ans ; la jeune fille prenait l’épingle de tête à quinze ans.
  2. J’adopte le sens indiqué par K’ong Ying-ta. La musique et les rites doivent se faire équilibre, l’une produisant l’union des hommes entre eux par l’affection, les autres produisant la distinction des hommes par le respect. Mais si l’un des deux éléments l’emporte au détriment de l’autre, il en résulte des effets fâcheux : l’excès des sentiments affectueux créés par la musique tend à faire oublier aux hommes les devoirs qu’ils ont suivant leur rang dans le monde ; l’excès de la différenciation créée par les rites tend à séparer les hommes et à supprimer tout amour entre eux.