Page:Sima qian chavannes memoires historiques v3.djvu/278

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distinguaient ceux qui étaient en haut et ceux qui étaient en bas, ceux qui étaient en avant et ceux qui étaient en arrière, et, en conséquence, ils pouvaient appliquer leur réglementation (des rites et de la musique) dans tout l’empire.]

[La musique est ce en quoi l’homme saint se complaît et elle est capable de perfectionner les cœurs des hommes. Comme elle émeut profondément les hommes, comme elle produit le changement des coutumes et la transformation des mœurs, c’est pourquoi les anciens rois en ont fait un objet d’enseignement.

? L’homme a, de naissance, le sang et la respiration, un cœur et une intelligence, mais la tristesse et la joie, le plaisir et la colère ne sont pas chez lui constants ; ces émotions se produisent en réponse aux objets extérieurs qui viennent impressionner l’homme ; ce n’est qu’après (cette action du monde extérieur) que se manifestent les dispositions du cœur[1].

Ainsi donc, lorsque les intentions (du prince) sont mesquines, les sons musicaux sont entrecoupés et amoindris ; alors le peuple est pensif et triste. Quand le prince est indulgent, libéral, aisé et accommodant, les sons musicaux sont nombreux et gracieux, et obéissent à des règles peu sévères ; alors le peuple est content et joyeux. Quand le prince est grossier, violent, cruel et emporté, les sons musicaux mettent en mouvement les bras et les jambes[2] et sont larges et grands ; alors le

  1. En d’autres termes, l’homme est, par nature, capable d’engendrer diverses émotions ; mais ces émotions ne sont que la réaction du cœur humain touché par une cause extérieure ; c’est ce qui explique comment elles peuvent être excitées par la musique, ainsi que cela va être exposé au paragraphe suivant.
  2. Ils mettent en mouvement « les extrémités » du corps humain, c’est-à-dire les bras et les jambes ; en d’autres ternes, c’est une musique qui incite à l’action violente.