Page:Sima qian chavannes memoires historiques v3.djvu/289

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parents et dans la multitude du peuple. Telle est la manière dont les anciens rois instituèrent la musique.

Ainsi, à l’audition des sons du ya et du song[1], les volontés et les pensées s’élargissent ; à la vue des danseurs qui brandissent le bouclier et la hache, qui pratiquent les inclinations et les redressements, les reculs et les avancements, les attitudes deviennent dignes ; (en voyant les danseurs qui) se tiennent à leurs rangs et à leurs places, (et en entendant les chanteurs qui) connaissent les arrêts et les reprises, les hommes observent la correction dans l’ordre hiérarchique, et la régularité dans les cas où il faut s’avancer et dans ceux où il faut se retirer. La musique est en effet le principe régulateur du Ciel et de la Terre, le fondement de l’équilibre et de l’harmonie, et les sentiments humains ne peuvent échapper à son influence.

La musique est ce dont se servaient les anciens rois pour manifester leur contentement ; les bataillons et les haches d’armes sont ce dont se servaient les anciens rois pour manifester leur colère. Ainsi le contentement et la colère des anciens rois avaient des manifestations bien réglées. Quand ils étaient contents, tout l’empire en éprouvait de l’harmonie ; quand ils étaient irrités, les cruels et les pervers en concevaient de la crainte. Dans la conduite que suivirent les anciens rois, on peut dire que les rites et la musique furent parfaits).

[Le marquis Wen (424-387 av. J.-C.), du pays de Wei, posa la question suivante à Tse-hia[2] :

— Lorsque, portant

  1. Cf. note 234.
  2. Le marquis Wen est le premier souverain du pays de Wei, un des trois royaumes formés des débris de l’État de Tsin. Tse-hia est l’appellation de Pou Chang, un des plus célèbres disciples de Confucius ; il est souvent cité dans le Luen yu ; il vécut jusqu’à un âge fort avancé.