Page:Sima qian chavannes memoires historiques v3.djvu/290

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la robe et le bonnet prescrits pour les cérémonies, j’entends la musique ancienne, je n’ai qu’une crainte, c’est de m’endormir. Lorsque j’entends les airs (des pays) de Tcheng[1] et de Wei, je ne sais plus ce que c’est que la fatigue. J’ose vous demander comment il se fait que l’ancienne et la nouvelle musique aient des effets si différents ?

Tse-hia lui répondit en ces termes :

— Or donc, dans l’ancienne musique, (les danseurs) s’avancent avec ensemble et reculent avec ensemble ; (la musique) est harmonieuse et correcte avec ampleur ; les instruments à cordes et ceux faits avec une calebasse et l’instrument cheng[2] aux tuyaux munis de languettes, tous ces instruments réunis attendent qu’on ait frappé le tambourin et le tambour. C’est l’instrument pacifique qui marque le commencement de la musique ; c’est l’instrument militaire qui en marque la fin[3]. Ce qui gouverne les interruptions, c’est l’instrument siang ; ce qui règle la rapidité, c’est l’instrument ya[4]. Le sage alors parle et alors discourt sur l’antiquité[5]. Il perfectionne sa personne, puis sa famille, et enfin il établit la paix et l’ordre dans

  1. On sait que Confucius condamnait comme licencieux les airs du pays de Tcheng (cf. Luen yu, XV, 10) ; les paroles de ces airs constituent le septième livre de la section Kouo fong du Che King. — Les poésies de Wei forment le cinquième livre de cette même section, — On verra plus loin que Tse-hia réprouve ces airs ainsi que ceux de deux autres royaumes.
  2. Cf. tome I, note 00.128.
  3. L’instrument pacifique est le tambour ; l’instrument militaire est la cloche sans battant appelée nao.
  4. Le siang et le ya sont deux espèces de tambour.
  5. Le sage explique quels sont les événements de l’antiquité qui sont rappelés par cette musique et il y trouve une règle de conduite pour le temps présent.