Page:Sima qian chavannes memoires historiques v3.djvu/295

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musique ; il lui demanda :

— (Dans la musique[1] du roi) Ou, pourquoi les avertissements préliminaires (du tambour) durent-ils si longtemps ?

(Pin-meou Kia) répondit :

— (Cela indique que le roi Ou) est affligé de n’avoir pas gagné le cœur de la multitude[2].

— Pourquoi les chanteurs prolongent-ils indéfiniment leur souffle et mettent-ils de la surabondance (dans leurs notes) ?

Réponse :

— (Cela indique que le roi Ou) craint que (les seigneurs) ne soient pas présents à l’affaire[3].

— Pourquoi (les danseurs) se mettent-ils si promptement à agiter les bras et à frapper du pied d’une manière martiale ?

Réponse :

— (Cela indique que le roi Ou) a atteint le moment d’engager l’action.

— (Dans la danse) guerrière, pourquoi s’arrête-t-on le genou droit en terre et le genou gauche levé ?

Réponse :

— Il ne devrait pas y avoir d’agenouillement dans (la danse du roi) Ou[4].

— Pourquoi les sons musicaux expriment-ils une convoitise qui va jusqu’à (se traduire par la prédominance de la note) chang[5] ?

Réponse :

— Ce ne

  1. Il faut se rappeler que cette musique était un véritable opéra dans lequel on représentait la victoire du roi Ou sur Tcheou, dernier souverain de la dynastie Chang.
  2. C’est-à-dire : le cœur du peuple soumis à Tcheou ; le roi Ou regrette d’être obligé de livrer bataille à ce peuple.
  3. Cette réponse de Pin-meou Kia et la précédente sont considérées comme exactes.
  4. Cette réponse et la précédente sont inexactes ; elles seront implicitement réfutées dans le discours que va tenir Confucius.
  5. Les éditeurs du Li ki à l’époque K’ien-long citent ici deux textes : — l’un du Kouo yu, dans lequel il est dit : « Dans l’affaire de Mou ye (c’est-à-dire la bataille du roi Ou contre Tcheou), les sons musicaux font tous prédominer la note kong ; — l’autre texte est tiré du Tcheou li  : « Dans la musique du grand sacrifice, il n’y a pas la note chang.  Ainsi, la note chang était considérée comme la caractéristique des mauvaises passions et n’aurait pas dû trouver place dans la musique qui représente les sentiments du roi Ou ; si cependant elle se fait entendre dans cette musique, c’est que la bonne tradition a dû se perdre. Confucius approuvera cette réponse.