Page:Sima qian chavannes memoires historiques v3.djvu/303

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prises avec des affaires, souvent cependant manifestera de la décision ; celui qui comprend bien les poésies du Ts’i, lorsqu’il verra son avantage particulier, s’effacera cependant devant autrui. Quand on est aux prises avec des affaires, manifester souvent de la décision, c’est du courage ; quand on voit son avantage particulier, s’effacer devant autrui, c’est de la justice. Le courage, la justice, quel est l’homme qui, sans chanter ces chants, pourrait garantir qu’il les possède ?

« Ainsi, dans le chant, les parties hautes rendent l’homme comme soulevé ; les parties basses le rendent comme abattu ; les parties sinueuses le rendent comme courbé ; les parties où il y a arrêt le rendent (immobile) comme un arbre mort ; les parties fières le rendent exactement rigoureux comme une équerre ; les parties qui se recourbent[1] le rendent exactement replié comme un crochet ; les séries de sons produisent en lui une beauté comparable à celle des perles enfilées[2]. — Le chant consiste en paroles, c’est-à-dire en paroles prolongées. Quand l’homme éprouve une joie, il l’exprime par la parole ; la parole ne suffisant pas, il prolonge la parole ; la prolongation de la parole ne suffisant pas, il y fait un accompagnement ; l’accompagnement ne suffisant pas, il se met inconsciemment à faire mouvoir ses mains et à faire bondir ses pieds. 

Telle fut (la réponse faite à) la question de Tse-kong sur la musique.]

  1. C’est-à-dire : les parties de la musique où dominent les sentiments d’humilité.
  2. Suivant l’explication de Kong Yng-ta, j’ai traduit tout ce paragraphe comme s’il décrivait l’action de la musique sur le cœur de l’homme. Callery et Legge y voient une description de la musique en elle-même, indépendamment de l’action qu’elle exerce.