Page:Sima qian chavannes memoires historiques v3.djvu/305

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pays de Tsin ; arrivé au bord de la rivière Pou[1], il y fit halte. Vers le milieu de la nuit, il entendit un luth dont quelqu’un jouait ; il interrogea ceux qui étaient auprès de lui, mais tous répondirent qu’ils n’avaient pas entendu. Alors (le duc) donna l’ordre suivant au maître de musique Kiuen :

— J’ai entendu les notes d’un luth dont quelqu’un jouait ; j’ai interrogé ceux qui étaient auprès de moi, mais aucun d’eux n’avait entendu ; cela a toute l’apparence de venir de l’esprit d’un mort ou d’un dieu ; écoutez à ma place et notez par écrit (cet air).

Le maître de musique Kiuen y consentit ; il s’assit donc d’une manière correcte en attirant à lui son luth ; il entendit (l’air) et le nota par écrit ; le lendemain, il dit :

— Je l’ai ; mais je ne m’y suis point encore exercé ; je vous prie de vous arrêter encore une nuit pour que je m’y exerce.

Le duc Ling y consentit ; on passa donc de nouveau la nuit (dans cet endroit) ; le lendemain (le maître de musique Kiuen) annonça qu’il s’était exercé (à jouer cet air). (Le duc et sa suite) partirent alors et arrivèrent dans le pays de Tsin.

Ils furent reçus en audience par le duc P’ing (557-532 av. J.-C.) du pays de Tsin ; le duc P’ing leur donna un banquet sur la terrasse de Che-hoei[2]. Quand on fut échauffé par le vin, le duc Ling dit :

— En venant, j’ai entendu

  1. Le lieu de la halte doit être près de la sous-préfecture actuelle de [], préfecture de Ta-ming, province de Tche-li, à la limite entre cette province et celle de Chan-tong.
  2. La terrasse des Bienfaits répandus était au bord de la rivière Fen à 40 li à l’ouest de la préfecture secondaire de Kiang dans la province de Chan-si.