Page:Sima qian chavannes memoires historiques v3.djvu/311

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a ce dicton : En regardant de loin l’ennemi[1], on sait si l’événement sera favorable ou néfaste ; en entendant le son, on apprend s’il y aura victoire ou défaite. Telle est la méthode qui n’a pas varié sous cent rois.

Quand le roi Ou attaqua Tcheou, il souffla dans les tuyaux et écouta les sons ; en parcourant toute la série depuis le premier mois du printemps jusqu’au dernier mois de l’hiver[2], ce fut l’émanation de mort violente[3], qui d’un bout à l’autre fut constante et la note prédominante fut kong[4] ; que les sons d’accord (avec la situation) se soient produits en conséquence, c’est ce qui est dans la nature des choses. Qu’y a-t-il là d’étonnant ?

Les armes de guerre sont ce par quoi l’homme saint punit les violents et les cruels, rend le calme à une époque troublée, aplanit les obstacles, secourt ceux qui sont en danger. Tout animal doué de vie personnelle et portant des cornes sur la tête, dès qu’on l’attaque livre bataille ; à combien plus forte raison cela arrive-t-il quand il s’agit de l’homme. (L’homme) porte en lui les influences du bien et du mal, du plaisir et de l’irritation ; quand il éprouve du plaisir, les sentiments d’affection

  1. On croyait qu’au-dessus des armées flottait une émanation à l’inspection de laquelle les gens habiles pouvaient prédire si elle serait victorieuse ou vaincue. De même, le son qu’elle faisait entendre était un présage de sa destinée future.
  2. Les douze tuyaux sonores correspondent aux douze mois de l’année.
  3. L’influence ou l’émanation de mort violente était celle qui se manifestait lorsque le gouvernement était cruel ; cette émanation révélait donc les oppressions dont s’était rendu coupable Tcheou, le dernier souverain de la dynastie Yn.
  4. Tchang Cheou-tsie cite un traité sur les armes de guerre d’après lequel la note chang indiquait que l’armée serait victorieuse, et la note hong, que les officiers et les soldats auraient des sentiments unanimes. Cf. n. 24. 253. .