Page:Sima qian chavannes memoires historiques v3.djvu/65

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fleurirent, ils accumulèrent des bonnes actions et amassèrent des mérites pendant plusieurs dizaines d’années : leurs bienfaits furent profitables aux cent familles ; ils exercèrent le gouvernement à titre de suppléants (de l’empereur) et examinèrent dans le ciel (l’effet de leur conduite)[1] ; ce ne fut qu’après cela qu’ils occupèrent leur dignité. — Quand T’ang (le vainqueur) et (le roi) Ou régnèrent, ce fut en héritant de la bonté mise en honneur et de la justice pratiquée pendant plus de dix générations par Sie et Heou(-tsi)[2] ; (c’est pourquoi), sans qu’un rendez-vous eût été fixé, à la réunion au gué de Mong il y eut huit cents seigneurs[3]. Cependant, comme cela n’était point encore suffisant, ensuite donc (T’ang et Ou) exilèrent et mirent à mort[4]. — Les Ts’in s’élevèrent avec le duc Siang ; ils eurent de l’éclat sous (les ducs) Wen et Mou ; après (les ducs) Hien et Hiao, petit à petit ils rongèrent les six royaumes à la façon d’un ver (qui ronge une feuille de mûrier) ; au bout de plus de cent années arriva Che-hoang qui put alors réunir sous ses ordres tous ceux qui portent le bonnet viril et la ceinture. — (Il fallut, pour réussir), agir avec vertu comme ceux-là et user de la force comme ceux-ci[5] ; telle est donc la difficulté de l’œuvre prise dans son ensemble[6].

  1. Cf. tome I, n. 01.224 ad fin.
  2. Cette phrase ne signifie pas que Sie, ancêtre des Yn et Heou-tsi, ancêtre des Tcheou, vécurent pendant dix générations, mais bien que leur vertu se transmit à leurs descendants pendant dix générations.
  3. Cf. tome I, p. 226.
  4. Tang le vainqueur exila Kie, dernier souverain de la dynastie Hia ; le roi Ou mit à mort Tcheou, dernier souverain de la dynastie Yn.
  5. « Ceux-là » sont les premiers ancêtres dont la vertu fut cause que leurs descendants devinrent puissants ; « ceux-ci » sont les fondateurs de dynasties qui durent faire usage de la force pour s’emparer du pouvoir.
  6. C’est-à-dire la difficulté d’établir une dynastie. Se-ma Ts’ien oppose les débuts longs et difficiles des anciennes dynasties à la soudaine élévation des Han ; il en tirera plus loin la conclusion que les Han furent manifestement assistés par le Ciel.