Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/448

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semblablement la valeur d’or et d’argent ne forme pas un demi-million[1]. Mais quoique pendant cette période l’Écosse ait éprouvé une si grande diminution dans la somme de ses espèces circulantes, elle ne paraît en avoir éprouvé aucune dans sa richesse et sa prospérité. Au contraire, il y a eu des progrès évidents dans son agriculture, ses manufactures et son commerce, dans le produit annuel de ses terres et de son travail.

C’est principalement en escomptant des lettres de change, c’est-à-dire en avançant sur elles de l’argent avant leur échéance, que la plupart des banques et banquiers mettent leurs billets en émission ; et alors ils font, sur la somme qu’ils avancent, la déduction de l’intérêt légal jusqu’à l’échéance de la lettre de change. Le payement de la lettre, quand elle vient à échoir, fait rentrer à la banque le montant de ce qu’elle a avancé, avec le profit net de l’intérêt. Le banquier, qui n’avance ni or ni argent au négociant dont il escompte la lettre de change[2],

  1. Le comité de la Chambre des communes formé pour présenter un rapport sur les billets au porteur eu Écosse et en Irlande (promissory notes), évalua, en 1825, le montant du papier en circulation dans le royaume d’Écosse, à 3,309,000 livres sterling, dont 2,079,000 livres sterling se composaient de billets au-dessous de cinq livres. Il y a naturellement peu de monnaie d’or en circulation ; on suppose que la valeur réunie des espèces d’or et d’argent ne s’élève pas, en Écosse, au-dessus de 300,000 livres sterling. Il est probable que le montant de la circulation totale de cette partie de l’empire britannique peut être évalué aujourd’hui (1838) à 3,500,000 ou 4,000,000 livres sterling.
    Mac Culloch.
  2. De remarquables modifications ont eu lieu depuis la publication de la Richesse des nations dans le nombre, la constitution et l’importance des banques privées. On ne connaît pas exactement le nombre des établissements de ce genre qui existaient en Angleterre et dans le pays de Galles en 1776 ; mais nous pensons qu’il peut être évalué approximativement à 150. En 1792, les banques particulières se montaient à environ 350, sur lesquelles près d’une centaine furent détruites par la révulsion qui s’opéra vers la dernière partie de cette année et le commencement de 1793. En 1800, ces banques excédaient 300, et elles se multiplièrent d’une manière si rapide dans les années suivantes, qu’en 1814 elles avaient atteint le nombre de 940. Il est important à observer que la plupart de ces banques émettaient des billets ; elles approvisionnèrent même la majeure partie de la circulation dans des districts nombreux et étendus par l’importance de leurs émissions, qui formaient une proportion notable de la monnaie du royaume. L’arrêt de 1708, qui prohibait l’admission de plus de six associés dans les établissements émettant des billets payables à vue en Angleterre et dans le pays de Galles, se maintint en vigueur jusqu’en 1826, époque à laquelle, comme on le verra plus loin, il fut rapporté par suite des événements de cette même année et de la précédente.
    Il existe une énorme différence dans la manière dont opèrent les banques dans les diverses parties du royaume. Les banques de province en Angleterre accordent un intérêt sur les balances au crédit des comptes qu’elles ont ouverts, et ajoutent, la plupart, une commission à l’intérêt prélevé sur les sommes qu’elles prêtent. Les banquiers particuliers de Londres n’accordent que rarement des intérêts sur les dépôts. Comme ils n’émettent pas de billets en leur nom, ils se trouvent intéressés, non à l’accroissement, mais à la rareté de la circulation. Leurs véritables fonctions consistent à veiller sur les capitaux des autres, et à recevoir ou payer pour eux. Ils ne comptent aucune commission, leurs bénéfices dérivant, comme il a déjà été déterminé, de la balance des comptes de leurs commettants. La plupart des banques écossaises sont à la fois banques de circulation et banques de dépôt. Toutes, indistinctement, reçoivent et payent des intérêts jusque sur des dépôts qui ne dépassent pas 10 livres. Celles d’entre elles qui émettent des billets ne comptent aucune commission au delà du taux normal de l’intérêt sur les sommes qu’elles prêtent ; mais celles qui n’en émettent pas portent quelquefois une commission. En ce moment (1838) les dépôts existants dans les banques Écosse sont présumés surpasser 23,000,000 de livres (653,000,000 de fr.) Mac Culloch.