Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/553

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’autre. Ce ne serait donc pas toujours un moyen assuré d’augmenter la marine d’un pays, que de forcer par des encouragements extraordinaires les capitaux à se porter dans le commerce de transport en plus grande quantité qu’ils ne s’y porteraient naturellement.

Ainsi, le capital qui sera employé dans le commerce intérieur d’un pays donnera, en général, de l’appui et de l’encouragement à une plus grande quantité de travail productif dans ce pays, et augmentera plus la valeur de son produit annuel, que ne le fera un pareil capital employé au commerce étranger de consommation ; et le capital qui sera employé dans ce dernier genre de commerce aura, sous ces deux rapports, encore un bien plus grand avantage sur le capital employé au commerce de transport. La richesse publique d’un pays et même sa puissance, en tant que la puissance peut dépendre de la richesse, doit toujours être en raison de la valeur de son produit annuel, qui est la source où se puisent, en définitive, tous les impôts. Or, le grand objet que se propose partout l’économie politique, c’est d’augmenter la richesse et la puissance du pays. Elle ne doit donc accorder aucune préférence au commerce étranger de consommation sur le commerce intérieur, ni au commerce de transport sur aucun des deux autres ; elle ne doit pas encourager l’un de ces commerces plus que l’autre ; elle ne doit pas chercher, par des appâts ou par des contraintes, à attirer dans l’un ou l’autre de ces deux canaux une plus grande quantité du capital du pays, que celle qui s’y jetterait d’elle-même dans le cours naturel des choses.

Toutefois, chacune de ces différentes branches de commerce est non-seulement avantageuse, mais elle est même nécessaire et indispensable, quand elle est naturellement amenée par le cours des choses, sans gêne et sans contrainte.

Quand le produit d’une branche particulière d’industrie excède ce qu’exige la demande du pays, il faut bien qu’on envoie le surplus à l’étranger, pour l’échanger contre quelque chose qui soit demandé dans l’intérieur. Sans cette exportation, une partie du travail productif du pays viendrait à cesser, et la valeur de son produit annuel diminuerait nécessairement. La terre et le travail de la Grande-Bretagne produisent naturellement plus de blé, de lainages et de quincailleries que n’en exige la demande du marché intérieur. Il faut donc exporter le surplus et l’échanger contre quelque chose dont il y ait demande dans le pays. Ce n’est que par le moyen de cette exportation que ce