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LA CORVÉE

Nous arrivons au seuil de « Vieux-Temps » sans que j’aie compris le bavardage de mon petit ami. Il ouvre la porte et je vois sa maman assise au bas de l’escalier, la tête dans ses mains. Évidemment quelque chose va mal.

« Hein, sa mère, c’est vrai qu’ils s’en vont ? »

— « C’est ben trop vrai, répondit Madame Cadorette ; Maria part ce soir, et cela pour l’amour de son Charles-Auguste. Vous avez vu nos deux garçons ben tannants ce matin, c’était rien auprès de c’t’après-midi. Ils m’ont cassé une vitre de l’écurie, estropié un poulet. Pour les punir, je les ai fait monter sur la galerie. Croyez-vous qu’ils sont restés tranquilles ? Jamais de la vie ! Pour changer, ils jetaient des pierres aux pigeons de Charlemagne. Tout de même, je tâchais de les endurer à cause de Maria. Vers quatre heures, ils se sont décidés à trier mes tomates ; c’est alors qu’une bataille a commencé ; ce Charles-Auguste est devenu quasiment enragé et a garoché deux grosses tomates qui se sont écrasées en plein sur la catalogne d’Eugénie. C’est ben simple j’me