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VIEUX-TEMPS

sentais pus… j’sus sortie — la bonne Sainte Anne elle-même m’aurait pas arrêtée — je vous l’ai attrapé par les oreilles, comprenez-vous… et j’y ai dit : “Toé, mon p’tit garçon, j’te garantis que le jour où tu partiras, j’irai pousser sur l’train…” Il a ben fallu que sa mère m’entende d’en haut ; elle est descendue, avec un air de barreau de chaise, pour me dire qu’elle partait. J’y ai répond : “ Maria, tâche d’avoir plus de bon sens qu’ça… va pas te fâcher pour l’amour de ces achalants ! ” Elle a dit : “ Quand on est tanné de mon enfant, on est tanné d’moé itou j’m’en vas… ” — Que voulez-vous que j’fasse ? Faut ben les laisser partir ! »

Oh ! la corvée si belle, si gaie, qu’elle finit mal ! Ma vieille amie est bouleversée, son cœur hospitalier, tout malade ; il voudrait, je suis sûre, pouvoir donner à ses nerfs une de ces volées qui font peur aux poules. Moi aussi, je suis navrée, et je dis avec inquiétude : « Croyez-vous que vos parents sont fâchés pour toujours ? »

— « Craignez pas, me dit Madame Cadorette avec son fin sourire ; ils reviendront ben “faire boucherie” avec nous autres pour les fêtes !… »

Je suis invitée à la Corvée d’hiver de Madame