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LE PLUMAGE DES OIES

closent une courvée. Il y a dans l’air des traits d’esprit… des malices toutes gauloises et au milieu des gros rires francs des hommes et des rires clairs des femmes, on sent qu’un lien indéfinissable, qui ressemble à l’esprit de famille, unit tout le monde. Pas de grandes civilités qui mettent toujours du froid et de l’hypocrisie et qui gênent les appétits de fer, mais une franche bonhommie, et je sais nombre de repas où plusieurs se sont dit des vérités assez piquantes pour égratigner l’amour-propre en toute autre circonstances. Le diable de Baptiste est toujours en verve : « N’en donnez pas à Léon, crie-t-il, il n’est pas fatigué lui. » « Tu me paieras ça », rétorque l’autre en faisant un signe de tête et la conversation tombe sur les Anciens. « Croyez-vous hein ! dans l’ancien temps, le monde ne travaillait pas fort »…

« Je pense bien… ils n’avaient rien à faire en fin de compte deux vaches au plus… un cheval, une dizaine d’arpents de terre faite » ”. Mais la grand’mère n’entend pas ça de même ; quand il est question de l’ancien temps… c’est de son temps à elle ; c’est son enfance, sa jeunesse qui passent et d’instinct, elle défend ce coin de sa vie : « Arrêtez un peu mes drôles. Dans l’ancien temps on travaillait dur, je m’en rappelle moi ; on coupait à la