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LA CORVÉE

où, les jours de pluie, on allait se peser et manger du sucre du pays.

Isal énumère les corvées différentes et ardues que les hommes et les écoliers accomplissaient durant les mois de l’été. Mais elles pâlissent au souvenir d’une phrase que, les soirs où les jeunes étaient trop turbulents, la tante, qui élevait son dix-huitième enfant, prononçait avec calme et en souriant : « Chut ! La petite dort ! » Maintenant qu’Isal a vieilli, il lui semble que c’est cette corvée qui était la plus belle, parce qu’elle était sacrée. Aussi, songe-t-elle au ber de la vieille maison, si ancien que la connaissance de son origine a été perdue. De qui ses grands-parents le tenaient-ils ? Personne ne le sait plus. Il a été la source de bien des fêtes ; il a plus de cent ans ; il est quelque chose de l’histoire de sa famille de vivants et de morts, car son grand’père et son père, ses oncles et ses tantes, ses cousins et ses cousines, ses petits-cousins et ses petites-cousines ont reposé dans ce doux abri. Et si la vénération d’Isal est profonde pour la relique chère, son désir de l’avoir bien à elle, un jour, n’en est pas moins ardent. Elle ne se lasse pas d’imaginer ce qu’il a pu être et pourrait être encore.

Dans le bas côté de la grande maison, sur une belle catalogne, assez près du feu qui pétille, il lui