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LA CORVÉE

la jolie fiancée qui l’avait retiré, de son doigt, le soir de la « courvée ».

Ceci se passa chez nous au P’tit Canada.

Le P’tit Canada, vous savez, c’est un coin du vieux Québec, installé au temps de mon grand’père entre deux plis de montagne, au cœur d’une petite Ville de la Nouvelle Angleterre, dont je vous laisse chercher le nom. Au P’tit Canada, on faisait des « courvées », on en fait encore, je pense, tout comme ici au grand Canada.

On y parle français, tant que pas autre chose, et j’en sais qui, comme mon grand-père paternel, ne savent, de la langue de Shakespeare, que les deux jolis échantillons que voici : « I guess not » et « What », prononcé canadiennement (wotte).

Le bon François est maintenant un vieillard à cheveux blancs, un oncle vieux garçon, qui gâte une bonne douzaine de petits neveux et de petites nièces. Il sait depuis longtemps que Mariette, la fille du meurtrier, expie le crime de son père, au chevet des miséreux, et dans les cachots des prisonniers. Il croit… que Mariette, la sœur de Charité, passera, un jour, devant la porte, tendant la main pour ses pauvres, et il garde, pour le lui tendre alors, le grand couvre-pieds, aux fines corbeilles de « pointes rouges » qui fut piqué, à la