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LA CONVERSION DE LANDRY

ensemble ! » lancé par le chef, lorsque passa au milieu d’eux Léontine, la sémillante fille de la maison, revênant de traire les vaches, une chaudière pleine d’un lait crémeux et fumant dans chaque main. Thomas, occupé à manœuvrer une solive, faillit échapper la pièce, ce qui amusa fort ses compagnons mais personne n’y rattacha d’autre importance, vu que l’Américain avait la réputation d’être distrait et rêvasseur.

Autour des bâtiments la maman Fontaine, en mantelet d’indienne rouge et en jupon de droguet indigo, alerte malgré ses cinquante ans, trottinait multipliant les courses de la cuisine à la laiterie, du hangar au four d’où s’échappait une appétissante odeur de froment cuit. Derrière les fenêtres ouvertes, plusieurs silhouettes ; celles des créatures d’alentour, accourues dans le clair matin se mettre au service de la maîtresse de céans. Toute cette maisonnée remue, se dépêche qui au four, qui au grand poêle garni de chaudrons, qui au potager, qui à la pâtisserie, jasant tout ensemble et lançant aux échos les éclats d’un rire sonore et argentin.

Parmi les hommes une activité fébrile. Les godendards et les tarières grincent, les haches d’équarrissage tombent sur les lambourdes d’épinette avec un tintement de cloche sonnant au loin,