Page:Société Saint-Jean-Baptiste - La corvée (deuxième concours littéraire), 1917.djvu/201

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
193
UNE COURVÉE DANS LES BOIS-FRANCS

pellant un gaillard aux yeux bleus et à la figure joviale, qui était occupé plus loin à fabriquer un confessionnal, j’ai fini le banc d’œuvre, et tu vas être notre premier marguillier.

— Je le mérite pas plus que les autres, répondit François.

— Ah ben, par exemple, firent les autres travailleurs, comme manière de protestation.

— Ça fait cinq ans que Monsieur Dufour vient dire la messe chez vous, dit Benjamin Paquet, un petit homme à l’air rabougri qui allumait sa pipe avec du tondre et un batte-feu. Quel borda mon Dieu, de vider tous les mois, ta maison, et de préparer tout ça…

— J’étais content, dit François, le visage subitement illuminé. Ce qu’on fait pour le prêtre, c’est pas perdu. Le bon Dieu qui descendait dans ma maison, a fait prospérer mes entreprises. Sais-tu, Antoine, que ça va faire sept ans à la St-Michel, qu’on est arrivé dans les Bois-Francs ?…

— Oui, sept ans, reprit ce dernier, devenant rêveur. C’était dans l’automne que le défunt curé Bélanger et Ambroise Pépin sont morts dans la savane de Stanfold…

— Ça demandait du courage, hein, remarqua Benjamin Paquet qui fumait toujours sa pipe, de