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LA CORVÉE

et puis, comme si c’était un fait exprès, son homme engagé, parti aux États depuis une semaine pour une affaire de famille, n’était pas encore revenu. Ça serait bien dommage, car les foins de Bapaume, comme on savait, étaient les plus beaux de toute la paroisse, tout droits et reluisants que c’en était comme un velours à l’œil, et s’il apprenait, le pauvre bougre, que tout ça risquait de se perdre, il n’en faudrait pas plus, crac ! pour le faire mourir encore plus vite.

Et voici que soudain la chose vola de bouche en bouche. Ce fut le gros Anthime Métivier, le cavalier de l’aînée des filles de Bapaume qui, le premier, s’en avisa.

« Pourquoi qu’on ferait pas une courvée », demanda-t-il.

Et mais, oui, c’était bien simple. Avec la courvée, on allait s’en tirer. Parmi les jeunesses, surtout, l’empressement fut d’autant plus marqué que les deux filles de Bapaume passaient pour être les deux plus beaux brins de créatures qu’on put trouver, de St-Hilaire au Village Richelieu, et qu’en outre le gros Métivier n’était pas si sûr que cela de pouvoir garder l’aînée. Qui sait, avec un peu de chance, et les occasions de la courvée aidant,