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LA CORVÉE DE L’ÉRABLE

la curiosité et tout fier de grimper sur une voiture d’habitant sans risquer un coup de fouet.

Le traîneau enfila la rue Notre-Dame et prit avec précaution, au travers des voitures de charge et des chars à chevaux, la direction du faubourg Québec. La petite jument noire avait bien un peu les oreilles dans le crin au milieu de ce tapage et de tant de choses nouvelles, mais c’était une brave bête, pas gesteuse, et elle fit bonne contenance. Sur l’indication du garçonnet Jacques remonta la rue Shaw, aujourd’hui la rue Dorion, et après quelques arpents s’engagea dans une ruelle étroite et noire. Ce devait être par là. Le vieux frotta une allumette et fit relire le numéro par son jeune guide, qui, pour la première fois, ressentit quelque orgueil de son instruction primaire. Il s’arrêta enfin devant une petite maison basse et cagneuse, une cabane plutôt, lambrissée de vieilles tôles lépreuses, dont le toit laissait dépasser un bout de tuyau qui ne fumait pas. De l’unique fenêtre, où manquaient des carreaux, jaillissait un prisme de lumière pâlotte où tournoyaient les flocons de neige qui commençaient à tomber. Afin d’avoir les mains libres pour décharger, Jacques noua son fouet à sa ceinture, releva un peu le bord de sa tuque et frappa.